Jaume Plensa Biographie & presse

La sculpture n'est pas affaire de matériaux, mais d'émotion. Elle n'est pas affaire de volume ou d'espace, mais de temps. Chaque œuvre propose un échange, que le spectateur doit compléter.

S’il séduit aux 4 coins du monde, c’est sans doute parce que l’art de Jaume Plensa tente de construire une figure humaine dont la portée symbolique est universelle. Ainsi, des Etats-Unis au Japon, de l’Allemagne au Canada, nombreux sont aujourd’hui les espaces publics investis par les grandes sculptures anthropomorphiques de l’artiste catalan. Des corps et des visages qui, bien que livrés impudiquement au regard anonyme de la cité, évoquent l’exploration de l’individu et de ses schémas intimes…

De la matière… qui prend corps

Né en 1955 à Barcelone et formé à l’Escola de la Llotja, Jaume Plensa a acquis, à la fondation Henry Moore et à l'atelier Calder où il travailla successivement, la maîtrise du bronze, de la fonte et du fer forgé. Ce sont ces matériaux, parfois issus de la récupération, qui vont incarner les premiers personnages sculptés qui le feront connaître. Mais Jaume Plensa est un aventureux, et au fil des années, résine synthétique, verre fondu, inox et fibre de verre viennent enrichir ses œuvres, jusqu’à l’introduction de dispositifs technologiques. Se superposent alors aux strates initiales de sa création, de la lumière, du son et de la vidéo, comme en atteste l’une de ses œuvres les plus célèbres, la Crown Fountain de Chicago, pourvue d’écrans numériques.  

Bien ancré dans son époque donc, Jaume Plensa.

Cependant, il n’en demeure pas moins mû par des questions existentielles intemporelles, proches des quêtes de la philosophie antique. Car toute son oeuvre, traversée par une figure humaine récurrente, résonne de la question de la dualité du corps et de l’âme, de l’agitation spirituelle qu’éprouve l’Homme depuis la nuit des temps et de l’inéluctable ironie de sa condition d’être au monde.

Ce chemin vers l’abstraction, l’artiste le matérialise dans la position de ces corps, fœtale ou assise à la manière de scribes, ou encore en leur associant le medium du langage, de la lettre. Car le livre et les grands auteurs constituent des sources d’inspiration essentielles pour Jaume Plensa. Au point que des caractères de métal viennent directement constituer l’enveloppe corporelle de ses personnages. Des lettres assemblées, comme les cellules du corps, pour définir les contours d’un être universel, recueillir ses émotions profondes et construire sa pensée. Une sorte de tatouage de notre mémoire collective et de la poésie du vivant.

Ce travail sur l’écrit et les visages trouve son pendant dans l’oeuvre picturale de Jaume Plensa. D’une incroyable richesse, elle associe gravures, dessins, photographies et collages. Les superpositions de matières et de lettres en plastique, l’utilisation d’encre, de cirage, la manipulation du papier et l’impression d’empreintes, confèrent à son travail graphique une dimension matérielle, qui entretient un dialogue évident avec sa scuplture.

Touche-à-tout de talent, Jaume Plensa travaille aussi régulièrement sur des scénographies pour l’Opéra. Ces espaces de création, dont il loue les merveilleux échanges d’énergie entre voix, musique et corps, lui apparaissent comme un remarquable « laboratoire d’expérimentation » pour sa sculpture. Il a notamment conçu les décors et les costumes pour Le Château de Barbe bleue, Le journal d’un disparu et La flûte enchantée, présentés ces dernières années à l’Opéra Bastille de Paris. 

Plensa est un artiste à la pointe de la scène de l’art contemporain internationale. On peut le considérer comme un des sculpteurs vivants majeurs, ses œuvres sont représentées dans de nombreuses collections privées et publiques et intègrent de nombreux sites de l’espace public. L’artiste est extrêmement actif dans le domaine de l’enseignement artistique (École Nationale des Beaux-Arts à Paris , Ecole de l'Art Institute de Chicago et de nombreuses universités et institutions d'art). Son actualité chargée augure encore de nombreux projets et d’expositions à venir. On peut considérer qu’il a atteint une période de maturité dont attestent la cohérence et la force visuelle et intellectuelle de son travail.