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Pat Andrea Biographie & presse (by FranckArtLine)


Pat Andrea dit en riant qu’il a « l’art dans les gènes ». Fruit de l’union d’un peintre et d’une illustratrice, ce Néerlandais de souche a sans doute bénéficié d’un patrimoine originel fécond (il reçoit son premier prix de dessin à 6 ans !), mais il l’a enrichi et développé au gré d’un parcours émaillé de rencontres, d’expériences et de voyages. En émerge une trajectoire picturale singulière qui, déployée sur 4 décennies, a déjà donné lieu à plus de 80 expositions et 4 rétrospectives !



 

Né en 1942 à La Haye, Pat Andrea est un enfant de la guerre, dont les premiers souvenirs sont entachés de détonations et de « chasse aux Juifs ». Souhaitant tout d’abord être médecin, il finit par s’inscrire à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. Cinq brillantes années d’études durant lesquelles il reçoit le Grand Prix de l’Académie Royale (1963) et rencontre celui qu’il considère comme son maître, le peintre Westerink. Très rapidement, le talent du jeune Andrea suscite l’intérêt, et ses œuvres sont présentées aux Pays-Bas, en Allemagne, puis en Belgique, grâce à l’entremise du critique d’art Pierre Sterckx.

 

La découverte de l’Amérique du sud et l’émergence d’un nouveau regard

Durant les années 70, un long séjour à Buenos Aires propulse Pat Andrea au cœur de la tourmente qui suit le coup d’état militaire. Réminiscence de ses premières années en Hollande, la « Guerre sale », avec son cortège d’enlèvements et d’assassinats, bouleverse l’artiste. « Jusque là, mon univers était assez léger. Je me moquais du monde avec une certaine désinvolture ».

Mais  l’atmosphère chaotique, la censure de fer, le désespoir et la peur d’une population muselée,  le poussent à témoigner au travers de plusieurs dizaines de dessins. Un travail habité d’une gravité nouvelle, qui dénonce la dictature et véhicule la brutalité du quotidien au moyen de l’image récurrente du poignard. Ces œuvres vont faire l’objet d’un ouvrage, La punalada/El tango de vuelta, élaboré en collaboration avec l’auteur argentin Julio Cortaza.

L’importante mue de sa peinture séduit crescendo : Paris lui ouvre les portes de ses galeries, et le conservateur Jean Clair l’invite à participer à la Foire d’Automne de 1976,  autour du thème de la « Nouvelle Subjectivité »*. Le peintre fait de plus en plus parler de lui et prend dès lors part aux plus grands rendez-vous artistiques en Europe.

 

La reconnaissance internationale et l’enseignement

FIAC et Centre Pompidou à Paris, ARCO à Madrid, ICAF à Los Angeles, … A partir des années 80, les expositions prestigieuses se multiplient. L’oeuvre de Pat Andrea s’exporte de Mexico à Taïwan, et l’homme partage son temps et son travail entre 3 ports d’attache, la France, l’Argentine et les Pays-Bas. Il collabore en tant qu’illustrateur avec de nombreuses revues culturelles, littéraires ou artistiques.

Dès 1983, il est aussi invité à partager ses expériences et son savoir-faire au travers de conférences et d’ateliers, qu’il anime notamment à l’École de Recherche Graphique à Bruxelles et à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. C’est là qu’il est finalement nommé professeur en 1998. Son enseignement est si apprécié par les étudiants, que l’annonce de son départ conduit ces derniers à soumettre une pétition au Ministre français de la Culture.  A leur désir de le voir rester parmi eux après 10 ans de coaching productif, l’artiste leur oppose simplement son besoin de se consacrer à son oeuvre et aura cette humble formule : « Un peintre meurt avec un pinceau ou une brosse à la main ».

 

Un imaginaire irrévérencieux

Le style d’Andrea, situé par lui-même entre Balthus et Bacon, est influencé autant par les primitifs flamands que par le dessinateur Hergé. La scénographie de ses toiles repose sur une succession de plans et une structuration de l’espace par la couleur, soulignant ainsi le dynamisme de ses personnages. Car ce que l’artiste s’attache à restituer, c’est « toujours ce moment où une situation change, se renverse, l’instant où quelque chose bascule et provoque un nouvel état des choses et des êtres » (source : dossier de presse de l'exposition Pat Andrea à la Galerie Anne-Marie et Roland Pallade, Lyon, 2010 ). Son oeuvre est donc peuplée de personnages en mouvement, chancelants, assaillis de sentiments appuyés.

Ce déséquilibre, Pat Andrea le fait intervenir dans des huis-clos angoissants, hantés de « poupées » en proie à leurs passions. Allégories d’un inconscient encombré de peurs enfouies et de tentations perverses, ces grandes femmes sont omniprésentes dans l’oeuvre de l’artiste. Souvent dénudées et parfois privées de tronc, elles sont, sous la main du peintre, tantôt agressives, tantôt en proie à l’effroi, ou bien représentées dans des  poses impudiques et sexuelles.

Dans les années 2000, l‘ambiguïté de l’univers pulsionnel de Pat Andrea pousse l’éditrice Diane de Seillières à lui confier l’illustration de contes de Lewis Caroll. La correspondance de l’imaginaire du peintre et de l’écrivain et la parenté de leurs obsessions, donnent lieu à une série de 49 dessins sur Alice aux pays des merveilles. De grands formats qui brossent le portrait d’une femme multiple et contradictoire, en mêlant gouache, crayon de couleur, fusain, collages, laine et feuille d’argent.  Ces visions oniriques, voire cauchemardesques, véhiculent les fantasmes, la cruauté et le non-sens  du célèbre conte, et par-là même, font écho aux thèmes préférés d’Andrea : le sexe, la violence et la mort. D’abord réunis dans un très bel ouvrage, ces œuvres ont fait l’objet d’une exposition au Château de Chenonceaux en 2007 et continuent de rencontrer le public dans plusieurs musées à travers le monde (Athènes, Calais, Barcelone…) Elles seront d’ailleurs présentées à Issy-les-Moulineaux à partir du 09 décembre.

Qualifiée dans les années 80 d’"impressionnisme psychique" par le critique d’art Welling, la peinture de Pat Andrea poursuit aujourd’hui encore sa contestation du monde réel et de l’ordre établi et explore toujours les dessous de l’âme humaine. Une recherche artistique à la fois tragique et troublante, qui vaut à son oeuvre de faire partie des grandes collections d’art contemporain, comme le MOMA à New-York, le Stedelijk Museum à Amsterdam et la FNAC à Paris.

 

*Nouvelle subjectivité : mouvement artistique de la seconde moitié du XXe siècle qui réunit des artistes internationaux tels que Ronald B. Kitaj, David Hockney, Jim Dine, Sam Szafran, Antonio Lopez, Isabel Quintanilla, etc. Tous récusent l’esthétique de l’art conceptuel et la théorie minimaliste et manifestent un souci de peindre la réalité contemporaine. Décrire le monde visible passe pour eux par une figuration qui réintègre les techniques classiques, en réaction à l’avant-garde de l’époque. 

La dénomination du mouvement « nouvelle subjectivité » est la création du conservateur et critique Jean Clair. Il est à l’origine de plusieurs manifestations qui réunirent à Paris dans les années 70 ces peintres souhaitant renouer avec une certaine forme de tradition. 

 

 

 

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