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Zhang Dali Biographie & presse

 

Je suis un artiste. Si j'étais historien, évidemment j'adopterais un angle différent. En tant qu'artiste, bien sûr j'assume aussi une responsabilité historique en montrant ces photos et ceux qui s'intéressent à l'histoire, à la vie quotidienne dans le passé et à la politique dans le passé peuvent trouver des contenus intéressants dans cette oeuvre. Mais la façon dont les autres s'intéressent à mes oeuvres, pour moi cela n'a plus d'importance. Pour moi, l'important est surtout visuel.

 

 

Avec ce Dali-ci, point de dandysme fantasque, ni de moustaches érectiles pour vanter un chocolat. Non, ce Dali-ci donnerait plutôt dans la discrétion, utilisant comme unique porte-voix une création artistique engagée, militante et en constante évolution.

Loin de l’imaginaire surréaliste de son homonyme Salvatore, Zhang Dali s’inscrit plutôt dans une avant-garde de la quotidienneté, s’attachant à  décrire une réalité en pleine mutation : celle de son pays natal, la Chine.

Zhang Dali est né à Harbin, au nord-est du pays, en 1963. A 24 ans, il obtient son diplôme à l’Académie Centrale d’Art et de Design de Pékin. Deux ans plus tard, les événements de la place Tian’anmen poussent le jeune artiste à passer les frontières ; c’est ainsi qu’il s’exile en Italie où il découvrira le graffiti…

 

Le graff et la rue pour premiers champs d’expérimentation

 Ce mode d’expression publique séduit très vite Zhang Dali, et c’est à cette époque qu’apparaissent sur les murs ses premières têtes chauves, sorte d’«avatars» épurés, auxquelles il associe un tag, signature pour le moins offensive : AK47, en référence à la célèbre Kalachnikov russe. Cette nouvelle identité, Zhang Dali la décline dès son retour en Chine, au début des années 90, recouvrant de son « sceau » les murs de la capitale condamnés à la démolition. Une façon de reprendre à son compte l’art du dazibao, cette tradition impériale d’affichage de rue, qui permettait à tout citoyen de partager avec la population des opinions politiques ou morales.

Sur les bâtiments vides et les ruines des vieux quartiers traditionnels, les bombes d’encre du graffeur crient l’impuissance des expropriés face à la destruction de leurs habitats. Ses crânes rasés, qui se multiplient sur les parois de pierre,  dénoncent l’écrasante avancée des bulldozers de la modernité. Une façon aussi de témoigner d’une dernière et dérisoire présence humaine, juste avant les changements irrépressibles du paysage urbain. Ce dialogue provoqué avec le citoyen lambda, le quidam de la rue, rapproche davantage Zhang Dali de l’arène politique que des galeries d’art élitistes.

Cependant, les ressorts contestataires de son travail ne peuvent occulter sa recherche permanente autour de l’image et de la forme. C’est ainsi qu’il passe de la photographie à la sculpture, avec la même spontanéité que le jeune taggeur des débuts. Ce renouvellement des modes d’expression ouvre véritablement à Zhang Dali les portes des salles d’exposition. Et du même coup, son œuvre est enfin soumise au regard et à l’appréciation d’un tout autre public, potentiellement acheteur.

 

La reconnaissance d’une création audacieuse et subversive

Au début des années 2000, Zhang Dali se fait remarquer avec Chinese Offspring. Et pour cause ! Ce projet repose sur une impressionnante production de sculptures en résine, des hommes nus, pâles et tatoués. Ces statues au réalisme morbide représentent des dizaines de compatriotes chinois immigrés, une population paysanne embauchée en tant qu’ouvriers du bâtiment dans les métropoles pour dessiner le visage des villes nouvelles. Pour illustrer leur impuissance face à leur destinée, Zhang Dali les suspend au plafond, par les pieds, comme de vulgaires pièces de boucherie. Cette population apparaît alors clairement comme la « chair à canon » de la course effrénée et brutale vers la modernité. Une façon abrupte et saisissante de sensibiliser l’opinion sur la condition de ces êtres déracinés, coupés d’une histoire millénaire et des schémas sociétaux  traditionnels.

Le volet photographique de son œuvre pointe également du doigt les travers d’un pays balloté entre mondialisation,  tradition et socialisme. Zhang Dali propose en 2007 une série de photographies puissantes et troublantes : des portraits monumentaux, visages et regards confondants, filigranés de propagande chinoise.  En 2011, il refait sensation en présentant à Arles « Re-visioning history », une confrontation sans appel entre une dizaine de photographies retouchées sous l’ère Mao Tsé Toung, et leurs pendants originaux, exhumés des poubelles de l’Etat. Il démontre que les services de propagande, à grands renforts  de  colle, de ciseaux et de couleurs, pouvaient œuvrer dans l’ombre pour parfaire l’image de la République et élever le Grand Timonier au rang d’icône sainte. La mise en évidence des retouches opérées pour les photos officielles, teints lissés et sourires étincelants,  serait presque anecdotique si elle ne sous-entendait une réalité plus grave : celle de la manipulation systématique. De nombreuses années de recherche ont été nécessaires à l’artiste pour mettre en lumière les cachotteries des anciens dirigeants de son pays. Comme un écho frappant de ce travestissement  organisé, cette exposition fut interdite au printemps 2010 lors de l’exposition universelle de Shanghaï.

 

 

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